Lucien Gerdil est né le 15 décembre 1936 à Thonon-les-Bains, marié à Louisa, père de cinq filles qui lui ont donné huit petits-enfants. Il a exercé sa profession d’agriculteur toute sa vie à Chevilly, hameau de la commune d’Excenevex; c’est aussi un bricoleur-né, capable de pratiquer bien des métiers avec talent : maçonnerie, menuiserie et charpente, ferronnerie, etc.
C’est à l’école communale d’Excenevex qu’il bénéficie jusqu’au certificat d’études de l’enseignement d’un instituteur hors du commun, M. Marcel Forax, qui, constatant ses dons pour le dessin, l’initie également à l’imprimerie qui se faisait à cette époque par entaillage d’un support de linoléum à l’aide de petites gouges.
C’est en 1982 que son épouse Louisa lui offre « la panoplie du sculpteur amateur » achetée sur Le Chasseur Français, mais c’est seulement en 1987, à l’occasion d’un mois de juin particulièrement pluvieux qu’il utilise ses ciseaux et ses gouges pour se fabriquer un porte-fusils, s’inspirant pour cela de ses dessins de cahiers d’écolier. Depuis, cette passion ne l’a jamais quitté et, à temps perdu ou le soir, loin du petit écran, il descend dans son atelier et suit son inspiration.
Il n’y a aucune esquisse préalable : tout est dans sa tête, en 3 D, même pour les projets les plus complexes.
Passionné de chasse, de chiens, de nature, il trouve son inspiration dans des sujets animaliers (cerfs, chevreuils, chamois, bouquetins, mouflons, bécasses, écureuils, lièvres, renards), mais il réalise aussi des bas-reliefs sculptés directement dans d’épais plateaux bruts de sciage avec leur écorce allant jusqu’à 3m50 de longueur, et dont les motifs se rapportent à la vie rurale: ainsi il a sculpté « les moissons », « les vendanges », « les bûcherons », « les semailles », « on tue le cochon », « les métiers d’autrefois », « le vêlage », « le combat des reines à la désalpe », qui détaillent chaque étape de ces évènements.
Les thèmes religieux se retrouvent aussi dans son œuvre avec, en particulier, une tête de Christ d’une beauté saisissante.
Quant aux essences utilisées, elles sont très variées : essentiellement l’orme, devenu malheureusement rare, mais aussi le noyer, le tilleul, le chêne, le platane, le frêne, le poirier et même l’aulne et le houx, le choix dépendant de la disponibilité du matériau et également du sujet traité.
Lucien Gerdil a exposé ses sculptures à La Grange au Lac et à La Toque Royale à Evian, au Grand Bornand, lors de Fêtes des Vendanges ou de la Chasse dans divers villages, des Journées du Patrimoine, de la Fête des Manants à Yvoire; il a également fait découvrir ce patrimoine en milieu scolaire.
Mais Lucien Gerdil ne vend pas ses œuvres. » S’il fallait compter les centaines d’heures de travail passées à leur réalisation, ce serait beaucoup trop cher ! » dit-il. Ses petits-enfants en feront sans doute un musée dans son hameau de Chevilly si cher à son cœur.
Lucien Gerdil est décédé le 29 décembre 2019.