Architecte
Pascal Hausermann a été le concepteur des constructions « bulles » de Douvaine.
Pascal Haüsermann, né le 19 novembre 1936 à Bienne dans le canton de Berne et mort le 1er novembre 2011 à Madras au Tamil Nadu, est un architecte suisse utopiste spécialisé dans les maisons bulles et l’architecture organique. L’essentiel de ses créations ont été édifiées en région Rhône-Alpes, en France. Précurseur de la Blob architecture.
Élève à l’École d’architecture de l’université de Genève, il poursuit ses études à Londres, dans l’ingénierie, jusqu’en 1962. En 1959, à 21 ans, il construit pour son père sa première maison en voile de béton sans coffrage, à Grilly. Cette première bulle est un objet de curiosité dans la région et confère à son auteur une notoriété locale. Rejetant les austères immeubles collectifs qui se sont multipliés après la Seconde Guerre mondiale, il préfère imaginer des cellules d’habitation individuelles et organiques. Il réalise sa première commande en 1960 les maisons jumelles de Pougny (Ain), dont la publication dans le journal féminin « Elle » au printemps 1966, fera la célébrité d’Häusermann.
Il rencontre Claude Costy à l’école de Genève, ils obtiennent leur diplôme tous les deux en 1962 et ils formeront un couple entre 1966 et 1972. Ils cosignent pratiquement tous les projets de cette période. En 1966, ils adhèrent au Groupe International d’Architecture Prospective (GIAP) fondé par Michel Ragon. Le couple Haüsermann-Costy commencent la construction de leur propre maison, une maison bulle, en 1968 à Minzier 74.
Il fonde en 1971 l’association « Habitat Évolutif », à Douvaine, avec Claude Costy, Jean-Louis Chanéac et Antti Lovag. Le maire de cette commune, Jacques Miguet, esthète passionné d’architecture, leur propose un terrain libre de toute contrainte administrative, afin qu’ils puissent expérimenter leurs théories urbaines. Le chantier commence en 1972 pour s’interrompre brutalement en 1977, à la suite d’un changement de municipalité. Il subsiste de cette aventure exceptionnelle un ensemble urbain unique dans l’œuvre d’Haüsermann (Labellisé le 10 mars 2003 au titre de « Patrimoine du xxe siècle »). La dernière réalisation commune du couple sera la permanence médicale de Cornavin à Genève en 1971.Ils se séparent en 1972.
Entre 1971 et 1973, intéressé par la maison toute en plastique et préfabriquée, il développe les Domobiles5. Qui combinent et juxtaposent des coques en mousse de polyuréthane recouvertes de polyester armé, l’habitation pouvant évoluer au gré de l’usager par ajout de nouvelles coques. Malgré son attractivité économique, les réalisations se heurteront aux refus de permis de construire.
Libertaire et humaniste, Pascal Haüsermann accorde de plus en plus d’intérêt à l’autoconstruction, du fait que cette pratique place l’humain au centre du projet architectural, bien au-delà des formes. Les règlements d’urbanisme français empêchent dès les années 70 l’aboutissement de ses projets, notamment sur Douvaine, mais aussi pour les Domobiles. Il cesse de faire des projets en France.
Il se consacre à la restauration de l’Immeuble Clarté de Le Corbusier à Genève. Cet immeuble a failli être rasé pour des raisons spéculatives. Avec l’architecte Bruno Camoletti, ils acquièrent l’immeuble en 1975 pour le restaurer, ils entretiennent également les immeubles à proximité pour la préservation du site dans son ensemble.
En 1981, il revient en France avec un important projet de complexe hôtelier au château des Avenières en Haute Savoie. Sans succès sur cette opération immobilière controversée. Il restaure le château et y ouvre un restaurant puis un autre à Genève.
En 1990, il quitte l’Europe pour Madras en Inde afin de poursuivre sa recherche. 2000 : prototype d’une bulle en métal, Pulicat, en Inde pour une chaîne hôtelière qui ne sera jamais créée. Il meurt le 1er novembre 2011 à Madras.
Au bout de ce parcours plein de rebondissements, le FRAC Centre, à qui Pascal Häusermann a fait don de ses archives, a contribué à consolider son statut de pionnier du renouvellement des formes, tout en sauvegardant la mémoire de ses projets avant-gardistes souvent restés sur le papier.
Principales réalisations :
- 1959 : Villa le Dolmen, à Grilly, dans l’Ain.
- 1963 : Cellule Novéry, à Minzier, en Savoie avec Bruno Camoletti, prototype d’une cellule d’habitation en matière plastique, Projet présenté sous le nom “L’œuf de Novery » au musée des Granges de Servette durant l’été1965.
- 1966 (avec Claude Costy) : Le Balcon de Belledonne, centre de loisirs à Sainte-Marie-du-Mont, en Isère. Labellisé Architecture contemporaine remarquableen 2003.
- 1966-1967 (avec Claude Costy) : Club Tekki, centre de loisirs, Paris
- 1966 : Maison Coquillage, à Orléans, Val-de-Loire.
- 1967 (avec Claude Costy) : Hôtel Thierry, l’eau vive, rebaptisé Museumotel, à Raon-l’Étape, dans les Vosges. Inscrit MH (2014).
- 1968 : Villa Pasquini à Méry-sur-Cher, dans le Cher.
- 1968 (avec Claude Costy) : Villa la Ruine1à Minzier, en Haute-Savoie. Inscrit MH (2017)
- 1969 : Théâtre mobile pour la compagnie Patrick Antoine de Thonon les Bains (avec Claude Costy). Il a été construit pour flotter sur le lac Léman, et ensuite transporté avant d’être détruit en 1971 à Courbevoie à la dissolution de la troupe. Présenté au musée des Granges de Servette « Le théâtre de la Parabole » maquette et plans pour Patrick Antoine et quelques profils pour le futur par Pascal et Claude Haüsermann,
- 1970 : JH 70, Bignens. JH sont les initiales de Jossermoz et Häusermann. La JH 70est un prototype de maison bulle en bois.
- 1970-1972 (avec Claude Costy): Atelier Palegre à Ponsas, dans la Drôme.
- 1971 (avec Claude Costy) : Maison Barreau à Apremont, en Savoie.
- 1972 : Maison, à Saint-Chamond, dans la Loire.
- 1972 : Atelier de poterie Palègre à Ponsas, dans la Drôme.
- 1972-1974 : Projet d’usine de Domobiles, Bollène, Vaucluse
- 1973 (avec Claude Costy) : Permanence médicaleà Genève dont l’annexe a la forme d’une soucoupe volante
- de 1971 à 1978 (avec Claude Costy) : Conception et réalisation partielle d’un nouveau quartier à Douvaine, 74. Voulu par le maire Jacques Miguet, le projet initial comprenait plusieurs bâtiments publics : salle des fêtes, place, écoles maternelle et primaire, un restaurant et une piscine olympique ; autour de ces bâtiments, projet d’habitations préfabriquées, en plastique, modulaires, appelées Domobiles5. En partie détruit, il n’en subsiste qu’un ensemble labellisé en 2003 au titre de « Patrimoine du xxesiècle »4,dont :
- La Bulle, salle polyvalente construite entre 1973 et 1976, créée par l’architecte suisse Pascal Haüsermann et Patrick Le Merdy. Son nom, né de l’usage des Douvainois, lui vient de son dôme d’origine de couleur bleue, remplacé en 1983 par un toit en zinc.
- Le préau de l’école primaire publique, construit en 1976 par Pascal Haüsermann, est le dernier vestige de ce qui devait être la place publique. Deux préaux à l’origine, devaient servir d’arcades pour des commerces, s’inspirant de la vieille ville d’Annecy.
- 1977 : Au musée des Granges de Servette, Exposition « Six années de création architecturale à Douvaine », après l’arrêt du projet d’aménagement de Douvaine.
- 2021 : Présentation au musée des Granges de l’exposition « Conquêtes spatiales » réalisée par le CAUE 74 et complétée par des croquis de Pascal Hausermann.
Œuvres exposées au musée des Granges de Servette :
Projet pour Douvaine Théâtre flottant pour Patrick Antoine