Albert Januarius DECARLI


 

Né en 1907 (décédé en 1996) à Hermance où il passe son enfance, d’un père tessinois, potier d’étain et peintre amateur et d’une mère française, Albert Decarli partagera sa vie et son activité entre la Suisse et la France voisine. Scolarisé au collège Saint joseph de Thonon les Bains, il rencontre Albert Chavaz, (peintre suisse). En 1928, il assiste pendant une année aux cours des Beaux-Arts de Genève où il retrouve Chavaz. Il participe à sa première exposition en 1929.

Dans cette période, il est rattaché à l’école des Pâquis, (groupe de jeunes peintres élèves de l’école des beaux-arts de Genève entre1924 et 1930), composée d’Emilo Beretta, Albert Chavaz et Paul Monier, dont les quartiers généraux étaient un atelier partagé et le café « Le Tonneau » dans le quartier des Pâquis à Genève.

Decarli reçoit la bourse genevoise Lissignol-Chevalier comme peintre en 1933 et en 1935.

En 1934, première exposition avec le peintre Juillerat au musée de l’Athenée de Genève, où il exposera ensuite régulièrement et qui lui consacrera en 1990 une grande rétrospective avec 80 œuvres. En 1935 il participe au IVème salon de la Romanité à L’Athénée avec Alexandre Cingria, Paul Monnier, Chavaz, …, et Constant Rey-Millet.

Il obtient le prix Harvey du portrait à Genève en 1952 pour un Autoportrait puis en 1955 pour « la servante Louise ».

Pendant les vingt ans de crise débutant avant-guerre, il exerce pour vivre le métier de peintre en bâtiment, peignant le dimanche et continuant à participer régulièrement à des expositions.

Ses œuvres illustrent un univers poétique teinté d’humour, emprunté à la mythologie populaire. Il utilise une technique personnelle qui constitue à mélanger de la cire fondue à la peinture à l’huile, pour obtenir des glacis légers qui affirment la couleur. Ce qui se dégage chez Decarli, c’est une imagination débordante faisant appel au merveilleux et surtout ce qui est sa caractéristique première : son sens de l’humour, son humour extraordinaire.

C’est à partir de 1960 qu’il peut se consacrer uniquement à la peinture, cette année-là un double vernissage a lieu le même jour aux Granges de Servette où il expose pour la première fois et à Chens pour l’inauguration de fresques qu’il a réalisé dans le salon d’honneur de la mairie à l’occasion du centenaire du rattachement de la Savoie à la France.

Ce sera le début d’une grande affection du peintre pour les Granges de Servette, où il exposera plusieurs fois et sera régulièrement présent lors des vernissages annuels.

Dans les années 60, il emménage au château de Grilly, ancienne maison forte du XV siècle, dans l’Ain où il réside jusqu’en 1992. Cette expérience aux Granges de Servette, grâce à la confiance du Dr Miguet, génèrera une série de commandes publiques.

 En 1964, il remporte le concours de décoration de l’entrée de l’hospice du Prieuré à Chêne-Bougeries, puis du Foyer Notre Dame à la Roche sur Foron « Adoration des mages et des bergers », en 1978 réalise « Jonas dans la baleine » 18m x 3,2 m pour la piscine de Lugano, et le cabinet d’un médecin de campagne à Ardon « Le bon samaritain »,en 1990 « la Joie de vivre » pour l’hôpital de Gériatrie de Thonex. Son expérience de peintre en bâtiment lui est utile pour réaliser seul ces œuvres de grandes dimensions.

En 1961, il expose à la galerie Vanier à Genève et le catalogue d’exposition est préfacé par Jean Anouilh « Decarli s’est miraculeusement arrêté à cet âge heureux de l’enfance ou le monde est encore authentique …ce monde flou, tendre et bizarre, c’est notre patrie perdue que Decarli nous rend. » En 1964, lors d’une nouvelle exposition le catalogue d’exposition sera préfacé par Marcel Aymé « pour un Decarli, tout est source de richesse et occasion de jaillissement y compris le sujet, l’anecdote et le rire d’un enfant jouant au boustofloque. »

En 1963, le peintre Cottavoz ne pouvant concrétiser un projet de vitrail pour l’église de Ballaison, où suite à des travaux, une fenêtre gothique a été mise à jour ; le Dr Jacques Miguet lui demande de prendre la relève. Il dessine une maquette qui sera exposée à l’église et approuvée par les paroissiens. Le vitrail de l’église de Ballaison réalisé en 1964 avec le maitre verrier Fleckner sera le premier d’une longue série de vitraux réalisés en Suisse et France voisine : Miserez (canton du jura) 1972, Hermance 1975, Douvaine 1978, Dorenaz 1978, Champsec en Valais1984. Il réalise aussi le chemin de croix de l’église de Saint Gingolph (14 sous verre) en 1988, et un carton pour une tapisserie d’Aubusson « Eucharistie » pour l’église de Versonnex dans l’Ain en 1988.

Pour l’exposition nationale de Lausanne en 1964, il réalise 2 panneaux : « La Noce à Thomas », « le Paradis Terrestre » dont le projet sur carton de 7m sur 2,1m fait partie de la collection permanente du musée des Granges de Servette.

En 1966, il reçoit le Prix Carmine à Florence, et sa toile « Le Corbeau et le Renard » conformément au règlement prend place à perpétuité dans une galerie du Palais Pitti.

En 1969, il représente la Suisse à la triennale de Brastislava et à la biennale de Sao Paulo (Brésil)

Dans un documentaire de la TSR réalisé en 1970, Decarli réfute le qualificatif de naïf parfois utilisé pour caractériser sa peinture. Son inspiration c’est les contes, les légendes, les fables, le livre des saints, …Quand il voyage, il visite les cafés, les églises et les musées, dans cet ordre de priorité.

En 1996, il décède, et repose au cimetière d’Hermance.

En 1998 le château de St Gingolph lui rend hommage avec une grande exposition rétrospective mettant en avant les différents supports et son imagination.

PRIX : Prix Harvey du Portrait en 1952 et 1955     

          1966 Prix Carmine à Florence

 

EXPOSITIONS

1934 Exposition musée de l’Athénée Genève Coll

1935 IV ème salon de la Romanité Musée de l’Athénée Genève

1936 Galerie Moos Genève   Musée Rath Genève

1938 Exposition coll musée Rath Genève  Exposition de groupe à Bâle

1939 Musée Athénée Genève coll

1942 Musée de l’Athénée Genève coll Galerie d’Art du Capitole Lausanne

1947 Musée de l’Athénée Genève

1950 22ème Kunsthaus Zurich salon des peintres suisses

1951 Salon de l’Art libre Paris

1953 Salon de la RomanitéGenève

1960 Musée des Granges de Servette

1961 1964 1966 1969 Galerie Vanier Genève

1962 Comptoir de Martigny Suisse

1963 Galerie Stäffelei, Zürich   Galerie 53 Morges Suisse

1964 Galerie de l’Atelier, Sion Suisse                    

1965 1973 Carrefour des Arts Sion Suisse

1967 Musée des Granges de Servette

         Musée Rath Genève « Artistes genevois » Suisse

1967 1970 1972 Galerie 53 Morges Suisse

1970  Galerie Paul Bovée, Délémont  Suisse  Musée Rath Genève

1971 1978 Galerie Cora Hermance Suisse

1971  Galerie de la Cathédrale Fribourg Suisse

1973  Galerie Picpus Montreux -Galerie Zisterne, Aarau          

1977  Kunstsalon Wolfsberg, Zürich Suisse

1979  Galerie des Vignes, Ardon Suisse

1980  1982 Galerie des Platanes, Carouge Suisse

1983 Galerie Carte Blanche, Montreux Suisse

1984  1992 Ferme de la Chapelle Grand Lancy Suisse

1986  Galerie Voir Genève

1987  Fondation Louis Moret Martigny

1989  Musée des Granges de Servette

1990  Musée de l’Athenée Genève

1992  Clinique genevoise de crans Montana Suisse

1995  Galerie Issoz à Sierre Suisse

1998  Exposition hommage Château de St Gingolph Valais Suisse

1999-2006 Galerie d’art, Horizon, Hermance Suisse

 

DECORATIONS MURALES

1960 Salle de la Mairie de Chens-sur-Léman, Haute-Savoie

1964 Infirmerie du Prieuré, Chêne-Bougeries : ‘La Terre Promise – La Pêche Miraculeuse’ –

Hôpital Cantonal de Genève : ‘Le Bon Samaritain – St Martin’ – 7.75 M X 3.50 M

1964 Exposition Nationale de Lausanne : ‘Le Paradis Terrestre’ 5.40 M X 2.20 M et la Noce à Thomas

Foyer Notre Dame, La Roche sur Foron :’Adoration des Mages et des Bergers – 5 M X 2.60 M
Hôpital de Gériatrie, Genève: ‘La Joie de Vivre’- 2.70 X 4.50 M
1978 Piscine couverte de Lugano 1978 – Peinture murale – 18 M X 3.20 M
Cabinet d’un Médecin de Campagne Ardon (VS) – Le Bon Samaritain – 3.50 M x 2.20 M

 

VITRAUX

Suisse : Eglise de Miserez – Jura 1975 Eglise d’Hermance 1977-78 Eglise de Dorénaz – Valais 1984 Eglise de Champsec – Vallée de Bagnes – Suisse l988  chemin de croix de l’église de Saint Gingolph (14 sous verre)

 France  : 1964 Eglise de Ballaison – 1976-77 Eglise de Douvaine Haute-Savoie -1988 carton pour une tapisserie d’Aubusson «Eucharistie » pour l’église de Versonnex dans l’Ain.

 

TAPISSERIE

L’arche de Noé – Propriété de Madame Bernard Miguet, St Julien-en-Genevois

 

ACQUISITIONS

Musée du Vatican, Rome – Musée Pitti, Florence – Musées de Suisse et à l’étranger.

 

L’ami qui m’a montré les toiles de Decarli et qui m’a demandé d’écrire ces lignes de présentation a eu la bonne idée, avec la reproduction photographique des toiles que je ne connaissais pas encore, de m’envoyer la photo du peintre. Un coup d’oeil m’a suffi ­ je ne choisis pas autrement mes acteurs pour mes pièces, et c’est le premier coup d’oeil qui est toujours le bon ­ pour savoir que le rôle du peintre était bien distribué.
Quelqu’un a dit ­ moi d’ailleurs, je crois, dans une pièce ­ les hommes restent tous des petits garçons, il n’y a que les petites filles qui grandissent
Mais reste à savoir à quel âge on s’arrête.
Qu’on ne s’y trompe pas, Decarli s’est miraculeusement arrêté à cet âge heureux de l’enfance où le monde est encore authentique. Nous vivons tous dans la nostalgie de ce monde où nous ne savons pas revenir. Il suffit de donner la main à Decarli, lui peut nous conduire. Il sait encore le chemin. A vrai dire, s’il vient nous voir dans nos villes truquées, nous vendre ses toiles, monter avec nous dans des automobiles, signer peut-être des chèques ou des contrats, c’est une ruse. Ce monde de l’enfance que nous pleurons, il ne l’a jamais quitté. Il nous le raconte dans chacune de ses toiles et c’est comme s’il nous redonnait ­ guérisseur prodigieux de la seule vraie maladie ­ nos yeux perdus, nos joues roses et notre vieille et douce blessure ­ car ce monde évanoui était à la fois enchanté et triste.
Et ses couleurs, qui m’ont d’abord surpris dans leur mélancolique subtilité, s’expliquent pour moi maintenant. Ce sont, derrière cette légère fumée grise qui les atténue et les brouille, les couleurs même de nos rêves de la nuit, quand, nos journaux jetés et froissés sur la descente de lit, nos machines à bêtises tues, l’écho des voix raisonnables qui nous ont parlé d’argent et d’efficacité toute la journée estompé, nous partons chaque soir pour l’impossible quête
Ce monde flou, tendre et bizarre, c’est notre patrie perdue que Decarli nous rend.

Jean ANOUILH
1961

Un documentaire de la RTS est disponible en cliquant sur ce lien :

http://www.rts.ch/archives/tv/culture/carre-bleu/9415530-albert-januarius-di-decarli.html

 

Oeuvres exposées aux Granges de Servette : 

 

 

La neige noire

 

 

Le Paradis terrestre